Désinformations plein nos journaux

Dans notre beau pays tricolore nous avons inventé le besoin de donner des libertés à chacun, tellement nous trouvions elles étaient peu innées. C’est ainsi, qu’un mercredi matin, le 29 juillet 1881, après la mort de quelques communards, une loi fut promulguée pour définir les libertés fondamentales de la presse afin que chaque citoyen puisse être informé de tous les faits qu’un courageux journaliste pouvait dénoncer.
Figurez-vous même, bande de curieux que le 6 janvier dernier –oui je parle bien de la veille du 7, date à laquelle Christophe Gautier, journaliste a Paris Match a subit une perquisition et a été placé en garde à vue dans le cadre des photos de Treiber publiées pendant sa cavale-, le 6 janvier dernier donc étaient promulgués nombres de modifications sans intérêt.

Cent-vingt-huit ans et demi après, le socialisme est mort mais pas cette loi libertiphile qui confère donc la même liberté d’expression à tous les journalistes hexagonaux pourvu qu’ils gribouillent dans un quelconque canard. Ainsi, ce matin en lisant un journal parisien dont que je tairais le nom, ma surprise fut grande en admirant l’extrême retenue du parterre éditorialiste qui n’a pas de parterre que le nom.

Après avoir appris que l’immense footballiste Sammy Traoré dont je n’avait jamais entendu que le prénom s’était fait dérobé près de 15.000 euros (ou 10.000 euros suivant qu’on lise le texte ou qu’on regarde l’image) près Versailles, dont, cramponnez vous, je cite Julien Constant qui mérite un prix Albert Londres pour cette information, « des boucles d’oreilles et un solitaire en or et diamants, mais aussi une montre Chanel, des lunettes en diamants de Guérin, un sac à main de femme Chanel, une ceinture Gucci, une veste en fourrure de renard gris, un parfum Dior, une console de jeux » mais aussi « deux blousons, une valise et un sac de sport Gucci ». Mon cher Julien Constant, la prochaine fois que tu dégotes une information aussi hallucinante que celle que tu oses baver dans les colonnes de ton torchon, fais une rapide recherche sur internet sur le temps de ta pause café et, s’il cela ne te dérange pas trop, annonce que le salaire de notre malheureux Sammy Troaré est de 70.000 euros mensuel auquel s’ajoute une prime de 5.000 euros par match joué en tant que titulaire. Ca nous permettra d’économiser quelques larmes pour lacrimer sur quelque afghan génocidé.

Mais c’est finalement Amel Brahmi qui décrochera le Pultizerbe du jour avec trois cents trente huits mots –et pas une faute- consacrée à un groupe Facebook. Bien qu’il soit ‘à la mode’ depuis quelques temps de reprendre les informations glanées sur Twitter afin d’éviter de perdre du temps à vérifier ses sources, écrire trois cents trente huit mots sur un seul groupe Facebook me semblait hors d’atteinte des journaux qui payent des gens. Mal, mais quand même. Dans son pamphlet anti web 2.0, Amel brame contre un groupe de 900 personnes –quelle in/affluence !- intitulé sobrement « Il n’y a pas de pédophile, il n’y a que des enfants faciles » trié –si je suis puis je permettre mais je me permets tout- du non moins vas(elin)eux « Il n’y a pas de zoophiles, il n’y a que des poneys faciles ». Passé la rime pauvre en –ile, il est clair que le groupe, pas plus que les explications qui vont avec ne sont amusantes mais le traitement qui est fait par ce raconteur de faits d’hiver de non information est assez surprenant, alors que –me semble t’il- il n’y a aucune apologie de quelque crime qu’il soit. Amel Brahmi fait témoigner un certain Raphaël qui lui pensait à un traquenard pour « attirer les pédophiles ». Faut de réaction de la part de Facebook dans les 5 minutes cette même personne aurait alerté le « ministère de l’Intérieur » et aurait fait un « finalement à la police » pour « corruption de mineur ». En voilà des gros mots pour une mauvaise blague qui au pire aura choqué quelques e-passants. Mais nous, une tripotée d’internautes partent en croisade contre la liberté d’expression qui n’est pas la leur soutenu par un journaleux qui a oublié que son papa et sa maman lui ont payé des études pour un métier basé sur une loi pour laquelle quelque connard de communard –jolie rime en –ard- sont morts dans une ville qui a donné son nom à son torchon.

Trop honteux pour conclure lui-même, il abrège nos souffrances pendant ces trois centaines de ridicules mots avec une phrase repompée sur une internaute avoue t’il : « On voit bien que Facebook, ne surveille pas ses réseaux ». Hadopi a de bien beaux jours devant lui. Le journalisme peut-être pas.

Benjamin Charles

Photographe, réalisateur, consultant social media & content

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