#Bloqués dans le passé

Il parait que tout a changé à Canal+. En vrai, à part quelques effets d’annonce qui ont fait parler le tout Paris, rien n’a vraiment évolué. A part les audiences qui chutent encore et encore. Au milieu de ces descentes dignes d’un Tour de France en montagne : Le Petit Journal. Il se murmure dans les couloirs qu’on aurait tout voulu confier à Yann Barthès : d’autres émissions, un poste de producteur élargi etc. Et comme à chaque rentrée, LPJ innove. Cette année, le successeur des Bref et autre Connasse est dans sa case, et s’appelle #Bloqués.

Avant de critiquer Bloqués au sens littéral de ses vannes, il faut en comprendre le contexte : deux loosers, Gringe et OrelSan (pas Guillaume Tranchant et Aurélien Cotentin) sont assis dans leur appart un peu dégueu tout seul comme deux cons. Les personnages ne sont pas nouveaux. Ce sont les Casseurs Flowteurs dont l’album sorti il ya 2 ans, raconte sous forme d’une épopée d’une après midi et d’une nuit la vie de deux loosers caenais. Parmi eux, OrelSan le rappeur raté de Perdu d’Avance qui tente de faire bonne figure dans Le Chant des Sirènes en s’expliquant entre mythe et réalité sa vie.

Bloqués est une fiction courte incarnée par deux célébrités, certes, mais qui y jouent un personnage. Leurs personnages. Deux beaufs qui débitent des inepties, des discussions de comptoirs et tous les clichés possibles sur le thème de l’épisode. Dès qu’un cliché attaque certaines communautés (les pédés, les juifs, les meufs (les chinois et les noirs on a un peu le droit normalement)) il déclenche une polémique. Enfin… Une E-polémique, parce qu’en général, elle dépasse rarement un article sur un media web que relayeront quelques blogs et une centaine de tweetos.

Forcément, en faisant quelques vannes fastoches sur les meufs (des blagues de beaufs relous donc, c’est à dire des personnages incarnés par Gringe et Orel) les Femen et autres défenseuses de vagins se sont sentis pousser des armures de chevaliers blancs en osant s’attaquer à Navo, l’auteur de la série. Mais surtout à OrelSan. Parce qu’OrelSan n’est pas n’importe qui dans l’histoire du e-féminisme. C’est le mec de Saint-Valentin et de Sale Pute. Le mec qui a été interdit de concert pendant un été complet pour une chanson sortie des années avant et qu’il ne chantait plus sur scène. Le mec sur qui Ségolène Royal a chié pendant les Francofolies avant de défiler quelques années plus tard au son de #JeSuisCharlie.

A l’époque le débat avait dépassé les limites d’internet. Les Chiennes des Gardes et autres vagins enragés (marrant « vagin » c’est masculin tiens) avaient fait tout ce qu’elles avaient pu pour éteindre le rap d’OrelSan, visiblement sorti exceptionnellement grandi de cette épreuve avec l’extraordinaire Chant Des Sirènes. 2015 : même débat. Les antis diront que c’est dégradant, sexiste et lamentable. Les pros diront que c’est de la fiction et des personnages.

Et pourtant, y’a 9 mois, les deux camps étaient tous Charlie.

Benjamin Charles

Photographe, réalisateur, consultant social media & content

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