Du sexisme contre le racisme

Si y’a bien un truc qui est pas bien et dont il est de bon ton de s’indigner quand on est de bonne famille et de bonnes mondanités, c’est le racisme. C’est pas très très Charlie le racisme. Quand on en voit, il est opportun sortir son hashtag pour défendre l’opprimé dont on se fout le reste du temps. C’est ce qu’a fait le photographe allemand Olli Waldhauer avec une photo que tout le monde s’est empressé de partager sur ces bons vieux réseaux sociaux où l’on « ose critiquer Pinochet à moins de 10 000 km de Santiago ».

A travers une mise en scène qu’il imagine subversive, Waldhauer veut démontrer que sa photo sera censurée parce que Facebook interdit la nudité et non à cause du contenu raciste. Alors il fout une gonzesse les nibards à l’air et tient une pancarte « n’achetez pas chez les Kanaks » (en référence aux migrants et à « n’achetez pas chez les juifs », propagande de la Seconde Guerre Mondiale). Et le voila en train de conclure (maladroitement placé) sur son image « L’une de ces personnes viole les règles de Facebook ». Comprenez : Facebook censure un nibard et pas les propos racistes. Deux jours après : sa photo est supprimée, la démonstration est faite. Mais des centaines de milliers de gens ont partagé. CQFD.

Sauf que… C’est pas vraiment CQFD. Ce que Waldhauer démontre dans son image c’est que la nudité n’est guère représentable que par une gonzesse bonne avec des gros seins qui sert d’accessoire à un mec. Il aurait pu prendre n’importe quelle fille, ne laisser que les seins dépasser. Mais ce n’est pas le choix qu’il a fait. Il aurait aussi pu mettre ses couilles sur la table et… les mettre sur la photo. Si Waldhauer s’était mis en scène dans un nu artistique avec sa pancarte, sa démonstration aurait été la même. Mieux : ç’aurait été plus percutant de voir que pour une même image, une même pose, une même personne, un attribut peut être choquant et pas l’autre. Ce n’est pas le choix qu’il a fait.

En utilisant une femme objet comme outil d’analyse scientifique, Waldhauer a non seulement montré que le racisme était moins grave sur la nudité sur Facebook, mais surtout que le sexisme était bien moins considéré par la majorité partageante que le racisme. CQFD.

Benjamin Charles

Photographe, réalisateur, consultant social media & content

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